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ĐÓNG GÓP CỦA KHOA HỌC XÃ HỘI – NHÂN VĂN TRONG PHÁT TRIỂN KINH TẾ - XÃ HỘI
LA PERCEPTION DE LA CARRIERE ENTREPRENEURIALE DES
ETUDIANTS VIETNAMIENS
TRAN Van-Trang 1
Résumé:
Cet article a pour objectif de s’interroger sur l’intention, les perceptions et les croyances que
les étudiants vietnamiens ont vis-à-vis de la création d’entreprise comme perspective de carrière. Sur
le plan théorique, il repose sur les modèles d’intention. Des résultats obtenus ont été retirés d’une
enquête par questionnaire auprès de 610 étudiants de gestion appartenant à 4 universités d’Hanoi.
Les résultats confirment d’abord l’utilité du modèle d’Ajzen (1991) à expliquer l’intention
entrepreneuriale en contexte universitaire vietnamien, avec 50% de la variance de l’intention restituée.
De plus, si l’objectif de la formation à l’entrepreneuriat est de favoriser l’orientation entrepreneuriale
chez les étudiants, des enseignants devraient travailler avant tout sur des éléments qui font de la
création d’entreprise un choix professionnel attractif. Une attitude favorable a été trouvée comme étant
une variable principale à l’origine de cette intention de choix. Cette étude a aussi montré un jugement
irréaliste des étudiants vis-à-vis de leur capacité entrepreneuriale dans des conditions de manque
d’information. Par ailleurs, certaines particularités du contexte vietnamien ont été mises en lumière,
notamment la place importante de « l’image de l’entrepreneur perçue » et de « la norme sociale »,
dans notre modèle.
Mots-clés : création d’entreprise, intention, formation, étudiants, Vietnam.
Tóm tắt
Bài viết này đề cập đến ý định, nhận thức và niềm tin của sinh viên về việc thành lập doanh
nghiệp như một sự lựa chọn nghề nghiệp sau khi ra trường. Cơ sở lý luận của nghiên cứu là các mô
hình về ý định thành lập và khởi sự kinh doanh. Các kết quả được rút ra từ một điều tra định lượng
trên mẫu 610 sinh viên chuyên ngành quản trị kinh doanh thuộc 4 trường đại học khác nhau ở Hà Nội.
Các kết quả nghiên cứu khẳng định tính đúng đắt của thuyết hành vi dự kiến của Ajzen (1991)
trong việc giải thích ý định khởi nghiệp của sinh viên việt nam, với 50% sự khác biệt trong ý định thành
lập được giải thích bởi các biến trong mô hình. Nghiên cứu cũng chỉ ra rằng, nếu mục tiêu của các
khóa đào tạo về khởi sự doanh nghiệp là định hướng sinh viên theo đuổi con đường tự kinh doanh sau
1
Docteur ès sciences de gestionEcole Supérieure de Commerce de Hanoï, email : tranvotrang@yahoo.com
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khi ra trường thì các giảng viên cần chú trọng nhiều hơn tới các yếu tố làm cho khởi nghiệp là một lựa
chọn nghề nghiệp hấp dẫn bởi « nhìn nhận tích cực » được tìm thấy như là một biến chính giải thích ý
định thành lập doanh nghiệp. Hơn nữa, nghiên cứu cũng nhận thấy sự đánh giá không thực tế của sinh
viên về khả năng khởi sự của họ trong điều kiện thiếu thông tin. Vai trò quan trọng của biến «nhận
thức về hình ảnh doanh nhân » và « chuẩn mực xã hội » cũng được kiểm định trong nghiên cứu như là
những đặc thù riêng của Việt Nam, tham gia vào việc giải thích ý định khởi nghiệp.
Từ khóa : khởi sự doanh nghiệp, ý định, đào tạo, sinh viên, Việt Nam
Introduction
La littérature en entrepreneuriat renseigne encore peu sur le contenu d’une formation en vue de
favoriser l’orientation entrepreneuriale des étudiants. Or, il nous paraît nécessaire, pour qu’une telle
formation soit performante, de comprendre au préalable les perceptions et les croyances que les
étudiants ont vis-à-vis de la création d’entreprise comme perspective de carrière.
Il n’était pas question, pendant longtemps, de donner des cours d’entrepreneuriat dans le
système éducatif vietnamien pour des raisons idéologiques. Cet enseignement n’a commencé au
Vietnam que depuis quelques années pour satisfaire les besoins des jeunes étudiants immergés dans une
économie dynamique et en pleine croissance. Cette nouvelle pratique invite des formateurs vietnamiens
à des réflexions scientifiques rigoureuses afin d’adapter cet enseignement aux particularités du
contexte. En effet, dans un environnement où sont mélangées des forces du passé (idéologie marxiste,
tradition culturelle dévalorisant l’entrepreneur…) avec des mutations récentes (choix de l’économie
privée et libérale), des jeunes étudiants pourraient avoir des perceptions erronées et recevoir des
informations contradictoires par rapport à une carrière entrepreneuriale. La compréhension des
perceptions entrepreneuriales des étudiants vietnamiens est donc précieuse et bénéfique pour la mise
en place d’une formation à l’entrepreneuriat opportune au Vietnam.
Fort de ces constats et à la lumière des modèles d’intentions, nous cherchons à répondre à deux
questions principales : « Comment expliquer l’intention de créer une entreprise des étudiants
vietnamiens ? » et « De quelle manière se forment les perceptions entrepreneuriales des étudiants? ».
La réponse à ces deux interrogations va nous permettre de tirer des implications pour une formation
ayant la volonté de favoriser le développement d’une intention entrepreneuriale chez les étudiants
vietnamiens.
Notre article sera organisé de la manière suivante. Dans la première section, nous présenterons
le cadre théorique en nous reposant sur le modèle de la théorie du comportement planifié d’Ajzen et en
fournissant nos hypothèses de recherche. Après avoir décrit notre méthodologie dans la section 2, nous
exposerons nos principaux résultats dans la section 3. La quatrième section sera réservée à des
recommandations pour l’enseignement de l’entrepreneuriat au Vietnam. Dans la conclusion, nous
soulignerons les limites de cette recherche ainsi que ses prolongements possibles.
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1. Le cadre théorique
Notre travail repose sur la théorie du comportement planifié d’Ajzen (1991). L’utilité de ce
modèle pour l’acte de création d’entreprise est déjà justifiée par un certain nombre de recherches
empiriques (Kolvereid, 1996b ; Krueger et al., 2000 ; Emin, 2003 ; Kennedy et al. (2003) ; Linan,
2004 ; Souitaris, 2007), d’autant plus que la plupart de ces études ont été réalisées auprès de la
population étudiante.
Après avoir présenté rapidement le modèle d’Ajzen (1.1.), nous ferons une synthèse des études
empiriques le testant auprès d’une population étudiante (1.2) et justifierons le choix des variables pour
notre modèle théorique (1.3).
1.1. La théorie du comportement planifié d’Ajzen
La théorie du comportement planifié, issue de la psychologie sociale, confère à l’intention de
l’individu la place centrale dans la genèse du comportement. Selon Ajzen (1991), l’intention est un
indicateur de la volonté d’essayer, d’une véritable motivation et des efforts que l’on est prêt à
consentir pour se comporter d’une certaine façon. Le but ultime de cette théorie est de prédire les
comportements individuels à partir de l’intention. Elle postule que l’intention est déterminée par
l’attitude de l’individu, le contrôle comportemental et les normes sociales perçues. L’attitude représente
le degré de l’évaluation (favorable ou défavorable) envers le comportement en question. Les normes
sociales résultent des pressions sociales perçues par rapport au comportement envisagé. Le contrôle
perçu fait référence à la facilité ou la difficulté perçue de réaliser le comportement. Ces trois
antécédents de l’intention trouvent leur source dans le concept de croyances (figure 1).
Croyances Attitude
Croyances Normes sociales Intention Comportement
Croyances Contrôle perçu
Figure 1. La théorie du comportement planifié (Ajzen, 1991)
On peut constater des rapprochements du modèle d’Ajzen avec celui de l’événement
entrepreneurial de Shapero et Sokol (1982), ce qui rend plus clair les propos de la théorie du
comportement planifié, appliquée en entrepreneuriat. En effet, le modèle de Shapero et Sokol (1982)
vise à expliquer l’événement entrepreneurial en tant que voie professionnelle. Pour ces deux auteurs, le
déclenchement de la création d’entreprise se caractérise par l’apparition de facteurs contextuels
perturbant la trajectoire de vie de l’entrepreneur potentiel, ce qui contribue à précipiter la décision
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entrepreneuriale. Cependant, pour que la décision entrepreneuriale soit prise effectivement, elle doit
être perçue par l’entrepreneur potentiel comme désirable et faisable. La perception de la désirabilité est
à rapprocher du concept d’attitude (élément personnel) et de celui de la norme sociale (élément social).
La faisabilité perçue renvoie au concept du contrôle perçu du modèle d’Ajzen. Au final, selon ces deux
modèles, pour une émergence de l’intention entrepreneuriale chez des étudiants, l’entrepreneuriat
devrait être perçu par ces derniers comme un choix de carrière désirable et faisable.
L’utilité prédictive des modèles d’intention en entrepreneuriat fait l’objet de critiques dans la
communauté scientifique (Audet, 2003, Moreau et Raveleau, 2006). A notre connaissance, les études
empiriques émanant du champ de l’entrepreneuriat n’ont pas encore testé et démontré l’existence d’un
lien statistiquement significatif entre l’intention de créer une entreprise et la concrétisation de cette
intention. Par conséquent, ces théories servent davantage à nous éclairer sur le processus de formation
de l’intention entrepreneuriale que sur le passage à l’acte d’entreprendre. Pour Krueger et Carsrud
(1993), l’intérêt d’une approche intentionnelle repose sur le rôle médiateur de l’intention entre l’acte
d’entreprendre et les influences exogènes. La théorie du comportement planifié « offre d’énormes
potentialités pour les chercheurs en entrepreneuriat, notamment pour ceux qui s’intéressent à l’impact
d’une formation en entrepreneuriat sur les intentions des individus » (1993 :327).
1.2. La synthèse des études empiriques
Etudes Echantillon Variables explicatives Variance de
l’intention
Attitude Norme Contrôle expliquée
sociale perçu
Désirabilité Faisabilité
Krueger (1993) Etudiants américains 47,8%
+
N= 126
Kolvereid Etudiants norvégiens Non indiqué
(1996b) +
N = 128
Tkachev et Etudiants russes 45%
Kolvereid (1999) +
N=512
Krueger, Reilly Etudiants seniors 35% (modèle
et Carsrud américains d’Ajzen) ; 40,8
x +
(2000) (modèle de
N=97 Shapero)
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Audet (2003) Etudiants québécois 50,3 % (LT)
+ 26,1% (CT)
n = 150
Kennedy, Etudiants australiens 52,8%
Drennan,
N=1034 +
Renfrow et
Watson (2003)
Linan (2004) Etudiants espagnols 47,3%
+ x
N=166
Emin et al. Etudiants français 43,3%
(2005) + x
N= 809
Souitaris & al. Etudiants anglais et 35%
(2007) grenoblois +
N= 250
Tableau 1. Synthèse des principales études empiriques utilisant les modèles d’intention
auprès d’une population étudiante
La lecture attentive de la littérature permet de constater la présence de plusieurs études
empiriques testant les modèles d’intention en entrepreneuriat dont la majorité porte sur une population
étudiante. Le tableau 1 les résume. Le choix d’une population étudiante pour tester les modèles
d’intention s’explique comme suit. Dans un premier temps, les étudiants doivent faire face à un choix
de carrière, surtout ceux en dernière année universitaire. L’entrepreneuriat et le contrat de travail salarié
sont considérés comme deux solutions professionnelles possibles. De plus, des chercheurs peuvent
trouver toutes sortes de préférences parmi des étudiants afin de vérifier et de tester les variables qu’ils
retiennent. Enfin, cette population représente un réservoir important d’entrepreneurs potentiels.
L’examen de ces travaux aboutit aux observations suivantes.
- Les modèles d’Ajzen et de Shapero - Krueger 2 sont devenus des modèles de référence, car
les résultats obtenus ont été très satisfaisants. La variance de l’intention entrepreneuriale expliquée se
situe en général autour de 50 %. Ces modèles sont aussi ouverts à l’ajout de variables adaptées au
contexte d’étude pour en améliorer la variance totale expliquée.
2
C’est Krueger (1993) qui a introduit dans le modèle de Shapero la notion d’intention et en fait un vrai modèle d’intention
en entrepreneuriat. Nous l’appelons donc modèle Shapero‐Krueger.
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- Comme Ajzen (1991) le préconise, le poids explicatif de chacune des trois variables (attitude,
norme sociale et contrôle perçu) change en fonction du contexte d’étude. Dans le tableau 1, le signe
« + » signifie que le poids explicatif d’une variable est plus important que celui des autres. À titre
d’exemple, le poids explicatif de « l’attitude » est plus grand que celui du « contrôle perçu » selon les
résultats d’Emin et al. (2005). Au contraire, le « contrôle perçu » contribue davantage à l’explication de
l’intention entrepreneuriale des étudiants dans les travaux de Kolvereid. Dans tous les cas recensés, les
deux variables (attitude et contrôle perçu) expliquent de façon significative l’intention entrepreneuriale.
Ils devraient donc se présenter dans notre modèle théorique adapté au contexte vietnamien.
- Il faut préciser les ambigüités du poids explicatif de la « norme sociale perçue ». Cette variable
exerce un effet significatif sur l’intention entrepreneuriale dans les études de Kolvereid (1996b),
Tkachev et Kolvereid (1999), Kennedy et al. (2003), et même le poids explicatif le plus important dans
le cas de Souitaris & al. (2007). Cependant, elle n’en a pas l’effet significatif dans les cas de Krueger et
al. (2000), Emin et al. (2005) et Linan (2004). Ces derniers cas sont reflétés dans le tableau, chacun par
le signe « x ». Cette différence laisse présager peut-être un effet du contexte national.
1.3. Le choix des variables et les hypothèses de recherches
Notre choix des variables portera d’abord sur les variables déterminantes de l’intention (1.3.1),
puis sur des croyances entrepreneuriales (1.3.2). Au fur et à mesure de ces choix, nous postulerons nos
hypothèses de recherche.
1.3.1. Des variables explicatives de l’intention
Les résultats empiriques ne sont pas totalement convergents quant à la place occupée par la
norme sociale dans les modèles d’intention. Nous faisons le choix de retenir la norme sociale parmi les
variables explicatives de l’intention entrepreneuriale dans notre modèle théorique. Ce choix est
expliqué par les caractéristiques du contexte de recherche.
En effet, le collectivisme et l’importance de la famille figurent parmi les facteurs les plus
importants de la culture vietnamienne (Huu Ngoc, 1995). Les Vietnamiens ont l’habitude d’observer et
d’agir en fonction des attentes et des normes sociales appropriées au sein de leur groupe
d’appartenance (la famille ou le groupe social) et, souvent, le groupe prime sur le « moi privé ». Ainsi,
la famille reste le noyau stable de la société. L’influence des parents dans le choix professionnel des
étudiants s’avère très importante. Pour les chercheurs de MPDF 3 (1999), la question sur l’intention de
carrière des étudiants vietnamiens a dû être administrée parallèlement auprès d’eux ainsi que de leurs
parents. Si ces hypothèses reflètent bien la réalité, la « norme sociale » devrait avoir un impact
important dans notre modèle d’intention. Conformément à nos choix de variables et à la théorie du
comportement planifié d’Ajzen, nous postulons que :
3
Mekong Private Sector Development Facility, http://www.ifc.org/mpdf
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H1 : Plus l’attitude et la norme sociale perçue sont favorables à la création d’entreprise et plus
le contrôle perçu est élevé, plus forte sera l’intention de l’étudiant vietnamien de créer une entreprise à
l’issue de ses études.
Cette hypothèse signifie que chacune des trois variables a un effet significatif et positif sur
l’intention. Nous nous intéressons plus particulièrement à la contribution relative de chaque variable à
l’explication de l’intention et nous nous attendons à un rôle explicatif important de la norme sociale
dans notre modèle.
Certaines études se sont déjà intéressées au poids explicatif des variables additionnelles (Emin,
2003 ; Kennedy et al., 2003 ; Linan, 2004). L’ajout des variables complémentaires a même été suggéré
par Ajzen (1991) afin d’améliorer le pouvoir explicatif de son modèle. En testant le modèle d’intention
développé par Davidsson (1995), Autio et al. (1997) trouvent un effet significatif de « image/play-off »
dans la formation de conviction de devenir entrepreneur chez les étudiants (n=1956). Begley et al.
(1997) trouvent également un effet significatif du statut social de l’entrepreneur pour expliquer
l’intention des étudiants de créer des entreprises. Ces études suggèrent de mobiliser la variable « image
de l’entrepreneur perçue » qui résumerait par ailleurs des spécificités de notre contexte d’étude. En
effet, les entrepreneurs vietnamiens ont connu un « destin » tourmenté et ce statut social a été placé à la
dernière place dans le classement national des positions sociales. Après l’indépendance du pays,
l’entrepreneur considéré comme étant capitaliste, a fait l’objet d’une discrimination politique à cause
d’une domination de l’idéologie marxiste à l’époque. Depuis la rénovation économique en 1986, son
statut social s’est peu à peu amélioré. Toutefois, jusqu’à la fin des années 1990, l’image des
entrepreneurs vietnamiens n’a jamais été positive dans la perception du public vietnamien (MPDF,
1999). De plus, dans l’environnement universitaire, les cours de marxisme-léninismes continuent à être
obligatoires pour tous les étudiants dans toutes les formations. Ces cours font même l’objet d’une
épreuve de fin d’études. Dans ces conditions, les étudiants vietnamiens ne peuvent avoir une image
positive des entrepreneurs, ce qui influence certainement négativement leur orientation professionnelle
en tant que créateur d’entreprise. Nous postulons donc que :
H2 : Plus l’image perçue par l’étudiant vietnamien des entrepreneurs est positive, plus forte
sera l’intention de l’étudiant de créer une entreprise à l’issue de ses études.
1.3.2. Les croyances entrepreneuriales
Dans les modèles d’intention, l’attitude et le contrôle perçu sont expliqués en termes de
croyances. Notre volonté est de comprendre comment les perceptions entrepreneuriales des étudiants
(attitude et contrôle perçu) se forment à travers les croyances.
Les croyances sous-jacentes à l’attitude
Selon Ajzen (1991), l’attitude de l’individu envers le comportement peut être déterminée
par ses croyances sur les conséquences du comportement ciblé (behavioural outcomes) et son
évaluation de ces effets.
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En adaptant les propos d’Ajzen à notre contexte de recherche et conformément aux propositions
de Kolvereid (1996a), nous postulons que l’attitude (favorable ou défavorable) des étudiants
vietnamiens vis-à-vis de la création d’une entreprise comme une perspective de carrière, peut se former
en fonction de nombreuses croyances professionnelles. Plus précisément, elle est déterminée à travers :
- des valeurs professionnelles que les étudiants valorisent et qu’ils croient rechercher dans leur vie
professionnelle. A titre d’exemple, l’étudiant peut attacher de l’importance au fait que son activité
professionnelle lui rapporte beaucoup d’argent ;
- leurs visions entrepreneuriales, aussi, l’étudiant croit que la création d’entreprise va lui générer une
bonne masse de fonds.
Tâches critiques perçues
Contrôle perçu envers la création
d’entreprise
Capacité à réaliser des
tâches critiques
Croyances Perception
Figure 3. Les déterminants du contrôle perçu par les étudiants envers la création d’entreprise
Les croyances sous-jacentes au contrôle perçu
Ajzen (2002) précise que le « contrôle comportemental perçu » comprend deux composantes :
l’efficacité personnelle perçue (perceived self-efficacy) et la contrôlabilité perçue. La première
composante désigne la facilité ou la difficulté perçue pour réaliser des tâches différentes liées à un
comportement tandis que la deuxième désigne à quel point la réalisation de ces tâches est dans la
capacité de l’acteur. Précisons cette variable dans la relation avec l’intention de créer une entreprise des
étudiants. Un étudiant peut percevoir que, parmi différentes tâches du processus de création
d’entreprise, « la construction du plan d’affaires » constitue une difficulté pour lui. Or, il croit
également surmonter cette difficulté en ayant recours aux professeurs experts ou, éventuellement au
guide d’affaires. La tâche est donc contrôlable et elle n’est plus une vraie difficulté dans sa perception
envers la création d’entreprise.
Nous postulons que le contrôle que les étudiants perçoivent vis-à-vis de la création d’entreprise
se forme en fonction de leur capacité à réaliser différentes tâches critiques du processus de création
d’entreprise. Plus précisément, le contrôle perçu est déterminé par des croyances relatives à :
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- différentes tâches délicates du processus de création d’entreprise qui constituent des points de
repères dans la perception de la facilité ou de la difficulté de la création d’entreprise pour les
étudiants ;
- la capacité de réalisation de ces différentes tâches délicates durant le processus de création.
Valeurs professionnelles
Attitude envers la création
d’entreprise
Visions
entrepreneuriales
Croyances Perception
Figure 2. Les déterminants de l’attitude des étudiants envers la création d’entreprise
2. La méthodologie
Nous décrirons d’abord notre collecte de données (2.1), puis des échelles de mesure des
variables de notre modèle (2.2)
2.1. La collecte des données
Note premier version du questionnaire a, tout d’abord, été testée auprès de 190 étudiants de
l’Université du Commerce de Hanoi pour vérifier sa validité et apporter éventuellement des
modifications. Le questionnaire final a été administré auprès de 610 étudiants de gestion de 4
universités d’Hanoi (26,7% à l’Université de Commerce, 20,5% à l’Université de Congdoan, 30,7% à
l’Université des Affaires et de la Technologie, 22,1% à l’Université de l’Est). L’enquête a reposé
principalement sur l’auto-administration assistée en classe, avec l’assistance des collègues enseignants
ou la nôtre. Parmi les étudiants enquêtés, 30,8% sont des membres des clubs étudiants entrepreneurs
(CEE). Parmi eux, 52,5% ont suivi le module de sensibilisation à la création d’entreprise (3 séminaires
de 10h), organisé au sein des CEE.
2.2. La mesure des variables
Nous avons opté pour la même procédure d’analyse et de validation pour chacune des échelles
de mesure développées. Des items de mesure initiaux sont d’abord créés (soit par l’adaptation de ceux
publiés dans la littérature, soit par notre construction personnelle), puis soumis au pré-test auprès d’un
premier échantillon de 190 étudiants. Pour la procédure des analyses statistiques, nous faisons d’abord
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l’analyse factorielle pour vérifier le caractère unidimensionnel des items contenus dans l’échelle ainsi
que le poids factoriel de chaque item restitué (la communauté > 0,5). Ensuite, l’analyse de fiabilité est
réalisée sur les échelles de mesure (l’alpha de Cronbach > 0,6). Des échelles de Likert à 7 positions ont
été communément utilisées pour toutes les variables. Nous présentons ci-dessous l’échelle employée et
validée pour chaque variable.
2.2.1. L’intention de créer une entreprise
Nous adaptons l’échelle de mesure développée par Kolvereid (1996b) selon laquelle la création
d’entreprise est considérée comme une alternative professionnelle salariat/entrepreneuriat des étudiants
à l’issue de leur formation. Kolvereid (1996b) a proposé trois items, nous en ajoutons deux. Après des
analyses statistiques, il n’en reste que trois qui sont validés : (1) créer une entreprise fait partie de mon
projet professionnel à l’issue de mes études ; (2) à la fin de ma formation, si je pouvais choisir entre
créer une entreprise et être salarié, je préférerais créer mon entreprise ; (3) je vais très probablement
créer mon entreprise à ma sortie de l’université. Un index a été élaboré en faisant la moyenne des
scores obtenus par les trois items (α Cronbach = 0,746).
2.2.2. L’attitude et les croyances sous-jacentes
Nous adaptons ici pour l’attitude l’échelle développée par Emin (2003), composée de cinq
items. Après analyses, 4 items sont validés : (1) j’aimerais devenir créateur d’entreprise ; (2) je suis
enthousiaste à l’idée de créer ma propre entreprise ; (3) pour moi, créer une entreprise est un choix
intéressant après la sortie de l’université ; (4) pour moi, il y aura d’autres choix plus intéressants que la
création d’entreprise à la fin de mes études. Un index a été formé en faisant la moyenne des scores
obtenus par les quatre items (α Cronbach = 0,748).
Pour la mesure des croyances sous-jacentes à l’attitude, 34 items décrivant des caractéristiques
diverses de la vie professionnelle, adaptés de Kolvereid (1996b) ont été générés. Pour chaque type
d’attente professionnelle, il a été demandé aux répondants :
- d’une part, si elle leur paraissait être un élément important pour la qualité de leur vie
professionnelle future ;
- d’autre part, s’ils pensaient que cette attente pouvait être satisfaite par une carrière d’entrepreneur.
2.2.3. Le contrôle perçu et les croyances sous-jacentes
Nous utilisons les six items développés par Kolvereid (1996b). L’intérêt de cette échelle repose
sur le fait que chaque item génère l’autre en sens inverse pour vérifier l’opinion donnée par l’étudiant.
Six items initiaux sont tous validés à la suite de nos analyses : (1) pour moi, la création d’entreprise est
très difficile ; (2) si je le voulais, je serais tout à faire capable de poursuivre une carrière
entrepreneuriale ; (3) je pense bien maîtriser le processus de création d’entreprise ; (4) le nombre des
problèmes - hors de ma contrôlabilité et empêchant mon idée de créer une entreprise – est élevé ; (5) si
je devenais créateur d’entreprise, ma chance de réussite serait élevée ; (6) si je poursuivais une carrière
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entrepreneuriale, le risque d’échec serait élevé. Un index a été obtenu en faisant la moyenne des scores
des quatre items (α Cronbach = 0,605, ce qui est satisfait).
Pour mesurer des croyances sous-jacentes au contrôle perçu, notre génération des items se base
sur un processus de création d’entreprise composé de trois étapes : l’idée, le projet et la création. Les 25
items décrivant différentes tâches critiques du processus de création d’entreprise ont été proposés aux
étudiants. Pour chaque tâche sélectionnée, le répondant devait se positionner sur une échelle de Likert à
7 positions, de « pas du tout capable » à « tout à fait capable ».
2.2.4. La norme sociale perçue
Nous adaptons l’échelle de mesure proposée par Kolvereid (1996b). Pour chacune des quatre
catégories de l’entourage (famille, amis proches, professeurs, les gens importants), il a été demandé aux
étudiants : d’une part, quel est leur niveau d’approbation vis-à-vis de la création d’entreprise (codage
bipolaire, de -3 à +3) et d’autre part, si cette approbation est fondamentale pour la propre décision
professionnelle des étudiants (codage unipolaire, de 1 à 7). Les 4 nouveaux items ont été créés par la
multiplication des scores obtenus de deux côtés, par paire. Après analyses, ces 4 items sont validés. Un
index a été créé en faisant la moyenne des scores obtenus par les quatre items (α Cronbach = 0,705)
2.2.5. L’image de l’entrepreneur perçue
Des items de mesure sont générés à partir du résultat de nos entretiens semi-directifs auprès de
15 étudiants de l’Université de Commerce de Hanoi. Nous avons demandé à chaque étudiant interrogé
de mettre sur un papier 5 images négatives et 5 images positives des entrepreneurs vietnamiens, qui lui
viennent instantanément dans sa tête au moment de l’entretien. Les images les plus citées par les
étudiants sont sélectionnées. Initialement, douze items ont été créés pour chacun des deux côtés (positif
et négatif). Les analyses factorielles ont relevé deux facteurs (représentation sociale et représentation
personnelle) pour l’image positive et deux facteurs (mode de vie et mode d’action) pour l’image
négative. Un index a été créé pour chacun des quatre facteurs retenus en faisant la moyenne des scores
des items qui lui sont liés (α Cronbach de chaque facteur est aux alentours de 0,8).
Au final, l’index pour « l’image de l’entrepreneur perçue » a été calculé en fonction de la
différence mathématique entre les facteurs positifs (représentation sociale et personnelle) et les facteurs
négatifs (mode de vie et mode d’action).
3. Les résultats
Nos résultats mettent en lumière l’explication de l’intention de créer une entreprise des
étudiants (3.1) et la formation de leurs perceptions entrepreneuriales (3.2).
3.1. Les déterminants de l’intention
Pour la validation de H1, nos données sont soumises à des analyses de régression multiple
dans lesquelles l’intention est la variable à expliquer et l’attitude, la norme sociale, contrôle perçu et
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l’image de l’entrepreneur perçue sont des variables explicatives. Le résultat des analyses est présenté
dans les deux tableaux suivants.
Contrôle Norme Image d’entre.
Intention Attitude perçu sociale perçue
Intention 1,000
Attitude ,688** 1,000
Contrôle perçu ,462** ,466** 1,000
Norme sociale ,218** ,198** ,210** 1,000
Image d’entre.
,245** ,291** ,219** ,059 1,000
perçue
**. La corrélation est significative au niveau 0.01 (bilatéral).
Tableau 2. Coefficients de corrélation de Pearson
Bêta (t) R2 ajusté F
Modèle
Attitude 0,587 (17,55)***
Contrôle perçu 0,167 (5,09)***
0,500 153,068***
Norme sociale 0,064 (2,17)*
Image d’entrepreneur
0,035 (1,14) ns
perçu
Seuil de signification : *** (p
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512 étudiants russes. Dans l’étude de Kennedy et al. (2003 :9), les trois variables du modèle (attitude,
norme sociale et contrôle perçu) expliquent 52,8% de la variance de l’intention (n=1034 étudiants
australiens). Auprès d’un échantillon de 809 étudiants grenoblois, Emin et al. (2005 :17) ont trouvé un
R2 ajusté égal à 0,433.
3.1.2. La contribution marginale de la « norme sociale »
La « norme sociale » contribue faiblement à expliquer l’intention (Bêta standardisé = 0,064).
Cette contribution est pourtant significative (p
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et b) et leur résultat montre une réalité autre par rapport à celle obtenue par Kolvereid : le poids
explicatif de « l’attitude » est légèrement supérieur à celui du « contrôle perçu ». Suite à ces
interrogations, nous pensons que c’est peut-être l’effet de la culture et du contexte national qui
constituent la seule différence nette parmi des études empiriques mentionnées. Ce point méritait sans
doute un approfondissement lors de travaux complémentaires.
Nous pouvons à présent valider notre hypothèse H1 selon laquelle plus l’attitude et la norme
sociale perçue sont favorables à la création d’entreprise et plus le contrôle perçu est élevé, plus forte est
l’intention de l’étudiant vietnamien de créer sa propre entreprise à l’issue de ses études.
3.1.4. La place de la variable « l’image de l’entrepreneur perçue »
L’ajout de cette variable dans notre analyse n’améliore pas l’explication de l’intention (R2
ajusté reste inchangeable à 0,50). En d’autres termes, elle ne contribue pas de façon significative à
l’explication de l’intention entrepreneuriale des étudiants vietnamiens. Notre hypothèse H2 n’est donc
pas validée. Lors de notre construction du modèle théorique, nous supposions que cette variable
résultait des particularités du contexte vietnamien : une image négative des entrepreneurs circule dans
la société depuis des années, l’idéologie marxiste étant encore enseignée à l’université. A l’examen du
tableau des corrélations (tableau 2), nous constatons que cette variable est plus corrélée avec l’attitude
qu’avec l’intention (coefficient de Pearson = 0,291> 0,245). Cela suggère que cette variable pourrait
avoir un effet direct sur « l’attitude ». Nous vérifions cet effet dans la partie suivante (3.2)
3.2. L’explication des perceptions entrepreneuriales
Nous analysons successivement la formation d’une attitude favorable ou défavorable (3.2.1) et
du contrôle perçu vis-à-vis d’une carrière entrepreneuriale (3.2.2). Enfin, la perception de l’image des
entrepreneurs vietnamiens par les étudiants sera présentée (3.2.3).
3.2.1. La formation de l’attitude
L’attitude (ou la désirabilité) joue un rôle très puissant dans notre modèle. Quels éléments
participent à expliquer une attitude favorable ou défavorable envers la création d’entreprise ? La
réponse à cette question va fournir des éléments notables pour l’enseignement de l’entrepreneuriat au
Vietnam. De plus, nous avons besoin, suite à des analyses des déterminants de l’intention, d’éclairer
l’effet possible des deux variables (norme sociale et image de l’entrepreneur perçue) sur l’attitude.
Des analyses en composantes principales (ACP) ont été réalisées sur des croyances sous-
jacentes à l’attitude. Il convient tout d’abord de préciser notre méthode de calcul. Conformément aux
préconisations d’Ajzen (1991) concernant le codage des variables, les « valeurs professionnelles » sont
codées de façon unipolaire (de +1 à +7) et les « visions entrepreneuriales » sont codées de manière
bipolaire (de -3 à +3). Les 34 variables des croyances ont été créées en multipliant les scores obtenus
des valeurs professionnelles par ceux des visions entrepreneuriales. L’ACP a relevé une solution de
cinq facteurs expliquant 56,95% de la variance totale (annexe A). En fonction des items, nous les
nommons successivement « la réalisation de soi », « la facilité du travail », « la quête de pouvoir et
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l’image sociale », « l’appartenance sociale » et « la rémunération fixe ». Parmi eux, le premier
facteur est à l’origine de 31,47% de la variance totale, soit le poids explicatif le plus grand (55,26%).
Pour étudier la formation de l’attitude, l’analyse de régression de cette dernière (variable à
expliquer) a été réalisée sur les 7 variables explicatives comprenant les 5 facteurs des croyances
récemment obtenus, plus « la norme sociale » et « l’image de l’entrepreneur perçue ». Le résultat est
présenté dans le tableau 4.
Le modèle à 7 variables explique au total 18,6% de la variance de l’attitude envers la création
d’entreprise des étudiants et, parmi elles, il n’y en a que cinq qui exercent un effet significatif sur
l’attitude. A l’examen des coefficients de Bêta, nous trouvons des résultats très intéressants. Si
« l’image de l’entrepreneur perçue » n’a pas d’effet direct sur l’intention, son influence sur
« l’attitude » est significative, positive et prépondérante (Bêta = 0,266, p
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La norme sociale contribue également de façon significative à l’explication de l’attitude et cet
impact est beaucoup plus grand que celui sur l’intention (β= 0,158 >> 0,064). Ce résultat a tendance à
confirmer les conclusions d’Emin (2003). La norme sociale - la variable représentant aussi la
particularité de notre contexte d’étude (culture collectiviste, l’intervention importante de la famille dans
la décision professionnelle de l’étudiant) - est plus attachée à expliquer l’attitude que l’intention.
Conformément au travail de Kolvereid (1996b), la « réalisation de soi » et la « quête du pouvoir
et l’image sociale » expliquent de façon positive et significative l’attitude envers la création
d’entreprise (Bêta = 0,203 ; 0,121). Ces deux facteurs font référence à la réalisation personnelle, la
reconnaissance des autres, la mise en œuvre de la créativité, le relèvement des défis, la prise de
responsabilité, la dynamique au travail, le besoin d’autonomie, l’utilité pour la collectivité, le pouvoir,
le statut social (annexe A). Plus l’étudiant valorise ces valeurs, plus favorable sera son attitude envers
la création d’entreprise comme une perspective de carrière.
Au contraire, le besoin de « facilité du travail » a une incidence négative et significative sur
l’attitude (Bêta = -0,103 ; p
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un résultat intéressant (tableau 5). Il n’y a que le deuxième facteur (prospection et recherche
d’informations) qui contribue significativement à expliquer « le contrôle perçu » (14,9% de la variance
du contrôle sont restitués).
Modèle Bêta (t) R2 ajusté F
(constante)
Elaboration du plan financier 0,079 ns
Prospection et recherche
0,305***
d’infos
0,149 27,587***
Mise en œuvre 0,050 ns
Création effective -0,007 ns
Seuil de signification : *** (p
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Cette variable a été mesurée initialement par 24 items dont 12 relevant des images positives et
12 se référant aux images négatives. Après des analyses factorielles, 8 items positifs et 10 items
négatifs ont été validés et retenus. A l’examen des statistiques descriptives (annexe C), les observations
suivantes peuvent être avancées :
- les étudiants sont d’accord sur toutes les images positives proposées. Les notes moyennes de ces
items sont toutes supérieures à 4 (sur l’échelle à 7 points), et quelques items ont obtenu une note
très élevée (p5, p7, p8, p9, p11) ;
- parmi les 10 items relatifs aux images négatives, les étudiants sont légèrement d’accord sur un seul:
« les entrepreneurs vietnamiens sont opportunistes » (note moyenne = 4,44) et plutôt pas d’accord
pour tous les autres (les notes moyennes se situent aux alentours de 3,0
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capacité liée à la prospection et à la recherche d’informations pertinentes. De toute façon, l’impact très
important de l’attitude sur l’intention de créer une entreprise des étudiants invite les enseignants à
s’interroger sur le contenu des formations. Si l’on conçoit l’émergence d’une intention entrepreneuriale
comme l’un des premiers objectifs de la formation en entrepreneuriat, il paraît nécessaire de ne pas se
limiter à une démarche visant simplement à délivrer des compétences et des boîtes à outils. La
formation à l’entrepreneuriat doit porter d’abord sur des éléments qui font de la création d’entreprise
un choix professionnel attractif.
Ensuite, la place très importante de la variable « image de l’entrepreneur perçue » dans le
modèle, représente une particularité de notre contexte d’étude. Elle contribue à expliquer indirectement
l’intention via l’attitude. Elle constitue par ailleurs la variable la plus puissante à expliquer l’attitude.
Il est donc aisé d’avancer que pour faire de la création d’entreprise un choix professionnel attractif et
désirable, les enseignants vietnamiens devraient travailler, avant tout, sur des images d’entrepreneur et
les rendre plus positives pour les étudiants. Si l’enseignement de l’idéologie marxiste est encore
pratiqué au sein des universités, cette formation n’a pas vraiment d’incidence négative sur la perception
des étudiants pour une perspective de carrière entrepreneuriale.
A part « l’image de l’entrepreneur perçue », cette recherche a mentionné d’autres éléments
importants qui participent à expliquer l’attitude (favorable ou défavorable) des étudiants vis-à-vis d’une
carrière entrepreneuriale. Plus l’étudiant valorise des valeurs comme la réalisation personnelle, la
reconnaissance des autres, la créativité, le relèvement des défis, la responsabilité, l’autonomie, le
pouvoir, le statut social, l’utilité pour la collectivité, la dynamique dans sa vie professionnelle, plus
favorable sera son attitude envers la création d’entreprise. Par contre, celui qui attend la simplicité, la
légèreté au travail a tendance à être défavorable à une carrière entrepreneuriale. Ces résultats
fournissent donc des pistes et des précisions intéressantes pour guider la conception d’un enseignement
de l’entrepreneuriat au Vietnam. Indéniablement, un des objectifs de ces cours serait de rendre
l’attitude des étudiants plus favorable vis-à-vis de l’entrepreneuriat.
D’autre part, il ne faut pas négliger le rôle de la norme sociale dans l’explication de l’intention
ainsi que de l’attitude des étudiants. La norme sociale est plus attachée à l’attitude qu’à l’intention. La
place notable de cette variable dans notre modèle confirme l’influence importante de la famille et de
l’entourage dans la décision professionnelle des étudiants vietnamiens. Par conséquent, si
l’environnement universitaire vietnamien devient plus entrepreneurial, il portera des effets plus positifs
sur l’orientation entrepreneuriale des étudiants. Dans ce sens, le développement des Clubs d’étudiants
entrepreneurs futurs, des Centres de l’Entrepreneuriat, au sein des universités, constituerait une
pratique pertinente et profitable à la sensibilisation et à l’orientation des étudiants vers un choix de
carrière entrepreneuriale.
Enfin, cette étude met en relief le jugement irréaliste des étudiants vis-à-vis de leur capacité
entrepreneuriale. Les étudiants ne se basent que sur leur capacité de prospection et de recherche
d’informations pour évaluer leur contrôle sur la création d’entreprise. Lorsque plusieurs tâches
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critiques du processus de création leur sont proposées, pour un jugement plus précis de leur contrôle,
70,6% de leurs difficultés perçues sont relatives à « l’élaboration du plan financier du projet ». Ce
résultat est lié à une réalité concernant la formation à l’entrepreneuriat. Plus les étudiants apprennent et
connaissent mieux le processus de création, plus ils comprennent les difficultés de la création, moins
ils auront l’intention d’entreprendre. En effet, Cox, Mueller et Moss (2002) ont constaté chez les
étudiants une diminution significative de la perception de l’efficacité personnelle (self-efficacy) à la fin
des cours en entrepreneuriat. Audet (2004) a eu le même résultat. Une formation en entrepreneuriat est
généralement orientée vers la maîtrise des principales compétences entrepreneuriales. Il paraît
indispensable de trouver des méthodes innovatrices pour agir concrètement sur la désirabilité de la
création. Il s’agit alors de deux objectifs cruciaux pour les formateurs en entrepreneuriat.
5. Conclusion
Cette étude justifie une nouvelle fois la robustesse du modèle d’intention d’Ajzen et son utilité
pour expliquer l’intention de créer une entreprise. Elle donne de nombreuses pistes et des éléments
intéressants pour guider la conception d’un enseignement de l’entrepreneuriat, adapté au contexte
vietnamien.
Nous sommes cependant conscients de certaines limites de cette étude. Sur le plan théorique,
notre travail repose sur les modèles d’intention qui ne prennent pas en compte la notion de
l’opportunité d’affaires. En effet, il n’est pas facile de positionner l’opportunité dans les modèles
d’intention. Est-ce que la découverte d’une opportunité est préalable à l’intention, ou l’intérêt prononcé
pour la création incite-t-il les individus à rechercher une opportunité ? Des recherches basées sur les
modèles d’intention ne permettent pas de répondre à ces questions. Sur le plan méthodologique, notre
collecte de données, menée auprès des clubs d’étudiants entrepreneurs futurs à Hanoi et de nos contacts
personnels, ne nous a pas permis de constituer un échantillon représentatif de l’ensemble des étudiants
de gestion à Hanoi. La généralisation de nos résultats est donc délicate. Notre étude donne des
informations intéressantes pour la conception de la formation à l’entrepreneuriat au Vietnam, mais ne
permet pas pour autant de dire quels pourraient précisément être les contenus et les formes qu’un cours
portant sur l’entrepreneuriat devrait prendre.
Il y a donc des prolongements possibles à cette recherche. Est-ce que l’intention, les perceptions
et les croyances entrepreneuriales des étudiants évoluent suite à une sensibilisation ou à une formation
à l’entrepreneuriat ? Quels types de sensibilisations ou de formations sont plus performants que
d’autres dans la génération d’une orientation entrepreneuriale ?
_____________________________________________________________________
Bibliographie
Ajzen, I. (1991). The theory of planned behaviour. Organizational Behavior and Human
Decision Processes, vol. 50, 179-211.
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nguon tai.lieu . vn