Xem mẫu

  1. HỘI THẢO QUỐC TẾ ĐÓNG GÓP CỦA KHOA HỌC XÃ HỘI – NHÂN VĂN TRONG PHÁT TRIỂN KINH TẾ - XÃ HỘI LA PERCEPTION DE LA CARRIERE ENTREPRENEURIALE DES ETUDIANTS VIETNAMIENS TRAN Van-Trang 1 Résumé: Cet article a pour objectif de s’interroger sur l’intention, les perceptions et les croyances que les étudiants vietnamiens ont vis-à-vis de la création d’entreprise comme perspective de carrière. Sur le plan théorique, il repose sur les modèles d’intention. Des résultats obtenus ont été retirés d’une enquête par questionnaire auprès de 610 étudiants de gestion appartenant à 4 universités d’Hanoi. Les résultats confirment d’abord l’utilité du modèle d’Ajzen (1991) à expliquer l’intention entrepreneuriale en contexte universitaire vietnamien, avec 50% de la variance de l’intention restituée. De plus, si l’objectif de la formation à l’entrepreneuriat est de favoriser l’orientation entrepreneuriale chez les étudiants, des enseignants devraient travailler avant tout sur des éléments qui font de la création d’entreprise un choix professionnel attractif. Une attitude favorable a été trouvée comme étant une variable principale à l’origine de cette intention de choix. Cette étude a aussi montré un jugement irréaliste des étudiants vis-à-vis de leur capacité entrepreneuriale dans des conditions de manque d’information. Par ailleurs, certaines particularités du contexte vietnamien ont été mises en lumière, notamment la place importante de « l’image de l’entrepreneur perçue » et de « la norme sociale », dans notre modèle. Mots-clés : création d’entreprise, intention, formation, étudiants, Vietnam. Tóm tắt Bài viết này đề cập đến ý định, nhận thức và niềm tin của sinh viên về việc thành lập doanh nghiệp như một sự lựa chọn nghề nghiệp sau khi ra trường. Cơ sở lý luận của nghiên cứu là các mô hình về ý định thành lập và khởi sự kinh doanh. Các kết quả được rút ra từ một điều tra định lượng trên mẫu 610 sinh viên chuyên ngành quản trị kinh doanh thuộc 4 trường đại học khác nhau ở Hà Nội. Các kết quả nghiên cứu khẳng định tính đúng đắt của thuyết hành vi dự kiến của Ajzen (1991) trong việc giải thích ý định khởi nghiệp của sinh viên việt nam, với 50% sự khác biệt trong ý định thành lập được giải thích bởi các biến trong mô hình. Nghiên cứu cũng chỉ ra rằng, nếu mục tiêu của các khóa đào tạo về khởi sự doanh nghiệp là định hướng sinh viên theo đuổi con đường tự kinh doanh sau                                                              1 Docteur ès sciences de gestionEcole Supérieure de Commerce de Hanoï, email : tranvotrang@yahoo.com   576 TÀI LIỆU HỘI THẢO  
  2. HỘI THẢO QUỐC TẾ ĐÓNG GÓP CỦA KHOA HỌC XÃ HỘI – NHÂN VĂN TRONG PHÁT TRIỂN KINH TẾ - XÃ HỘI khi ra trường thì các giảng viên cần chú trọng nhiều hơn tới các yếu tố làm cho khởi nghiệp là một lựa chọn nghề nghiệp hấp dẫn bởi « nhìn nhận tích cực » được tìm thấy như là một biến chính giải thích ý định thành lập doanh nghiệp. Hơn nữa, nghiên cứu cũng nhận thấy sự đánh giá không thực tế của sinh viên về khả năng khởi sự của họ trong điều kiện thiếu thông tin. Vai trò quan trọng của biến «nhận thức về hình ảnh doanh nhân » và « chuẩn mực xã hội » cũng được kiểm định trong nghiên cứu như là những đặc thù riêng của Việt Nam, tham gia vào việc giải thích ý định khởi nghiệp. Từ khóa : khởi sự doanh nghiệp, ý định, đào tạo, sinh viên, Việt Nam Introduction La littérature en entrepreneuriat renseigne encore peu sur le contenu d’une formation en vue de favoriser l’orientation entrepreneuriale des étudiants. Or, il nous paraît nécessaire, pour qu’une telle formation soit performante, de comprendre au préalable les perceptions et les croyances que les étudiants ont vis-à-vis de la création d’entreprise comme perspective de carrière. Il n’était pas question, pendant longtemps, de donner des cours d’entrepreneuriat dans le système éducatif vietnamien pour des raisons idéologiques. Cet enseignement n’a commencé au Vietnam que depuis quelques années pour satisfaire les besoins des jeunes étudiants immergés dans une économie dynamique et en pleine croissance. Cette nouvelle pratique invite des formateurs vietnamiens à des réflexions scientifiques rigoureuses afin d’adapter cet enseignement aux particularités du contexte. En effet, dans un environnement où sont mélangées des forces du passé (idéologie marxiste, tradition culturelle dévalorisant l’entrepreneur…) avec des mutations récentes (choix de l’économie privée et libérale), des jeunes étudiants pourraient avoir des perceptions erronées et recevoir des informations contradictoires par rapport à une carrière entrepreneuriale. La compréhension des perceptions entrepreneuriales des étudiants vietnamiens est donc précieuse et bénéfique pour la mise en place d’une formation à l’entrepreneuriat opportune au Vietnam. Fort de ces constats et à la lumière des modèles d’intentions, nous cherchons à répondre à deux questions principales : « Comment expliquer l’intention de créer une entreprise des étudiants vietnamiens ? » et « De quelle manière se forment les perceptions entrepreneuriales des étudiants? ». La réponse à ces deux interrogations va nous permettre de tirer des implications pour une formation ayant la volonté de favoriser le développement d’une intention entrepreneuriale chez les étudiants vietnamiens. Notre article sera organisé de la manière suivante. Dans la première section, nous présenterons le cadre théorique en nous reposant sur le modèle de la théorie du comportement planifié d’Ajzen et en fournissant nos hypothèses de recherche. Après avoir décrit notre méthodologie dans la section 2, nous exposerons nos principaux résultats dans la section 3. La quatrième section sera réservée à des recommandations pour l’enseignement de l’entrepreneuriat au Vietnam. Dans la conclusion, nous soulignerons les limites de cette recherche ainsi que ses prolongements possibles. 577 TÀI LIỆU HỘI THẢO  
  3. HỘI THẢO QUỐC TẾ ĐÓNG GÓP CỦA KHOA HỌC XÃ HỘI – NHÂN VĂN TRONG PHÁT TRIỂN KINH TẾ - XÃ HỘI 1. Le cadre théorique Notre travail repose sur la théorie du comportement planifié d’Ajzen (1991). L’utilité de ce modèle pour l’acte de création d’entreprise est déjà justifiée par un certain nombre de recherches empiriques (Kolvereid, 1996b ; Krueger et al., 2000 ; Emin, 2003 ; Kennedy et al. (2003) ; Linan, 2004 ; Souitaris, 2007), d’autant plus que la plupart de ces études ont été réalisées auprès de la population étudiante. Après avoir présenté rapidement le modèle d’Ajzen (1.1.), nous ferons une synthèse des études empiriques le testant auprès d’une population étudiante (1.2) et justifierons le choix des variables pour notre modèle théorique (1.3). 1.1. La théorie du comportement planifié d’Ajzen La théorie du comportement planifié, issue de la psychologie sociale, confère à l’intention de l’individu la place centrale dans la genèse du comportement. Selon Ajzen (1991), l’intention est un indicateur de la volonté d’essayer, d’une véritable motivation et des efforts que l’on est prêt à consentir pour se comporter d’une certaine façon. Le but ultime de cette théorie est de prédire les comportements individuels à partir de l’intention. Elle postule que l’intention est déterminée par l’attitude de l’individu, le contrôle comportemental et les normes sociales perçues. L’attitude représente le degré de l’évaluation (favorable ou défavorable) envers le comportement en question. Les normes sociales résultent des pressions sociales perçues par rapport au comportement envisagé. Le contrôle perçu fait référence à la facilité ou la difficulté perçue de réaliser le comportement. Ces trois antécédents de l’intention trouvent leur source dans le concept de croyances (figure 1). Croyances Attitude  Croyances Normes sociales Intention  Comportement Croyances  Contrôle perçu Figure 1. La théorie du comportement planifié (Ajzen, 1991)  On peut constater des rapprochements du modèle d’Ajzen avec celui de l’événement entrepreneurial de Shapero et Sokol (1982), ce qui rend plus clair les propos de la théorie du comportement planifié, appliquée en entrepreneuriat. En effet, le modèle de Shapero et Sokol (1982) vise à expliquer l’événement entrepreneurial en tant que voie professionnelle. Pour ces deux auteurs, le déclenchement de la création d’entreprise se caractérise par l’apparition de facteurs contextuels perturbant la trajectoire de vie de l’entrepreneur potentiel, ce qui contribue à précipiter la décision 578 TÀI LIỆU HỘI THẢO  
  4. HỘI THẢO QUỐC TẾ ĐÓNG GÓP CỦA KHOA HỌC XÃ HỘI – NHÂN VĂN TRONG PHÁT TRIỂN KINH TẾ - XÃ HỘI entrepreneuriale. Cependant, pour que la décision entrepreneuriale soit prise effectivement, elle doit être perçue par l’entrepreneur potentiel comme désirable et faisable. La perception de la désirabilité est à rapprocher du concept d’attitude (élément personnel) et de celui de la norme sociale (élément social). La faisabilité perçue renvoie au concept du contrôle perçu du modèle d’Ajzen. Au final, selon ces deux modèles, pour une émergence de l’intention entrepreneuriale chez des étudiants, l’entrepreneuriat devrait être perçu par ces derniers comme un choix de carrière désirable et faisable. L’utilité prédictive des modèles d’intention en entrepreneuriat fait l’objet de critiques dans la communauté scientifique (Audet, 2003, Moreau et Raveleau, 2006). A notre connaissance, les études empiriques émanant du champ de l’entrepreneuriat n’ont pas encore testé et démontré l’existence d’un lien statistiquement significatif entre l’intention de créer une entreprise et la concrétisation de cette intention. Par conséquent, ces théories servent davantage à nous éclairer sur le processus de formation de l’intention entrepreneuriale que sur le passage à l’acte d’entreprendre. Pour Krueger et Carsrud (1993), l’intérêt d’une approche intentionnelle repose sur le rôle médiateur de l’intention entre l’acte d’entreprendre et les influences exogènes. La théorie du comportement planifié « offre d’énormes potentialités pour les chercheurs en entrepreneuriat, notamment pour ceux qui s’intéressent à l’impact d’une formation en entrepreneuriat sur les intentions des individus » (1993 :327). 1.2. La synthèse des études empiriques Etudes Echantillon Variables explicatives Variance de l’intention Attitude Norme Contrôle expliquée sociale perçu Désirabilité Faisabilité Krueger (1993) Etudiants américains 47,8% + N= 126 Kolvereid Etudiants norvégiens Non indiqué (1996b) + N = 128 Tkachev et Etudiants russes 45% Kolvereid (1999) + N=512 Krueger, Reilly Etudiants seniors 35% (modèle et Carsrud américains d’Ajzen) ; 40,8 x + (2000) (modèle de N=97 Shapero) 579 TÀI LIỆU HỘI THẢO  
  5. HỘI THẢO QUỐC TẾ ĐÓNG GÓP CỦA KHOA HỌC XÃ HỘI – NHÂN VĂN TRONG PHÁT TRIỂN KINH TẾ - XÃ HỘI Audet (2003) Etudiants québécois 50,3 % (LT) + 26,1% (CT) n = 150 Kennedy, Etudiants australiens 52,8% Drennan, N=1034 + Renfrow et Watson (2003) Linan (2004) Etudiants espagnols 47,3% + x N=166 Emin et al. Etudiants français 43,3% (2005) + x N= 809 Souitaris & al. Etudiants anglais et 35% (2007) grenoblois + N= 250 Tableau 1. Synthèse des principales études empiriques utilisant les modèles d’intention auprès d’une population étudiante La lecture attentive de la littérature permet de constater la présence de plusieurs études empiriques testant les modèles d’intention en entrepreneuriat dont la majorité porte sur une population étudiante. Le tableau 1 les résume. Le choix d’une population étudiante pour tester les modèles d’intention s’explique comme suit. Dans un premier temps, les étudiants doivent faire face à un choix de carrière, surtout ceux en dernière année universitaire. L’entrepreneuriat et le contrat de travail salarié sont considérés comme deux solutions professionnelles possibles. De plus, des chercheurs peuvent trouver toutes sortes de préférences parmi des étudiants afin de vérifier et de tester les variables qu’ils retiennent. Enfin, cette population représente un réservoir important d’entrepreneurs potentiels. L’examen de ces travaux aboutit aux observations suivantes. - Les modèles d’Ajzen et de Shapero - Krueger 2 sont devenus des modèles de référence, car les résultats obtenus ont été très satisfaisants. La variance de l’intention entrepreneuriale expliquée se situe en général autour de 50 %. Ces modèles sont aussi ouverts à l’ajout de variables adaptées au contexte d’étude pour en améliorer la variance totale expliquée.                                                              2  C’est Krueger (1993) qui a introduit dans le modèle de Shapero la notion d’intention et en fait un vrai modèle d’intention  en entrepreneuriat. Nous l’appelons donc modèle Shapero‐Krueger.     580 TÀI LIỆU HỘI THẢO  
  6. HỘI THẢO QUỐC TẾ ĐÓNG GÓP CỦA KHOA HỌC XÃ HỘI – NHÂN VĂN TRONG PHÁT TRIỂN KINH TẾ - XÃ HỘI - Comme Ajzen (1991) le préconise, le poids explicatif de chacune des trois variables (attitude, norme sociale et contrôle perçu) change en fonction du contexte d’étude. Dans le tableau 1, le signe « + » signifie que le poids explicatif d’une variable est plus important que celui des autres. À titre d’exemple, le poids explicatif de « l’attitude » est plus grand que celui du « contrôle perçu » selon les résultats d’Emin et al. (2005). Au contraire, le « contrôle perçu » contribue davantage à l’explication de l’intention entrepreneuriale des étudiants dans les travaux de Kolvereid. Dans tous les cas recensés, les deux variables (attitude et contrôle perçu) expliquent de façon significative l’intention entrepreneuriale. Ils devraient donc se présenter dans notre modèle théorique adapté au contexte vietnamien. - Il faut préciser les ambigüités du poids explicatif de la « norme sociale perçue ». Cette variable exerce un effet significatif sur l’intention entrepreneuriale dans les études de Kolvereid (1996b), Tkachev et Kolvereid (1999), Kennedy et al. (2003), et même le poids explicatif le plus important dans le cas de Souitaris & al. (2007). Cependant, elle n’en a pas l’effet significatif dans les cas de Krueger et al. (2000), Emin et al. (2005) et Linan (2004). Ces derniers cas sont reflétés dans le tableau, chacun par le signe « x ». Cette différence laisse présager peut-être un effet du contexte national. 1.3. Le choix des variables et les hypothèses de recherches Notre choix des variables portera d’abord sur les variables déterminantes de l’intention (1.3.1), puis sur des croyances entrepreneuriales (1.3.2). Au fur et à mesure de ces choix, nous postulerons nos hypothèses de recherche. 1.3.1. Des variables explicatives de l’intention Les résultats empiriques ne sont pas totalement convergents quant à la place occupée par la norme sociale dans les modèles d’intention. Nous faisons le choix de retenir la norme sociale parmi les variables explicatives de l’intention entrepreneuriale dans notre modèle théorique. Ce choix est expliqué par les caractéristiques du contexte de recherche. En effet, le collectivisme et l’importance de la famille figurent parmi les facteurs les plus importants de la culture vietnamienne (Huu Ngoc, 1995). Les Vietnamiens ont l’habitude d’observer et d’agir en fonction des attentes et des normes sociales appropriées au sein de leur groupe d’appartenance (la famille ou le groupe social) et, souvent, le groupe prime sur le « moi privé ». Ainsi, la famille reste le noyau stable de la société. L’influence des parents dans le choix professionnel des étudiants s’avère très importante. Pour les chercheurs de MPDF 3 (1999), la question sur l’intention de carrière des étudiants vietnamiens a dû être administrée parallèlement auprès d’eux ainsi que de leurs parents. Si ces hypothèses reflètent bien la réalité, la « norme sociale » devrait avoir un impact important dans notre modèle d’intention. Conformément à nos choix de variables et à la théorie du comportement planifié d’Ajzen, nous postulons que :                                                              3  Mekong Private Sector Development Facility, http://www.ifc.org/mpdf 581 TÀI LIỆU HỘI THẢO  
  7. HỘI THẢO QUỐC TẾ ĐÓNG GÓP CỦA KHOA HỌC XÃ HỘI – NHÂN VĂN TRONG PHÁT TRIỂN KINH TẾ - XÃ HỘI H1 : Plus l’attitude et la norme sociale perçue sont favorables à la création d’entreprise et plus le contrôle perçu est élevé, plus forte sera l’intention de l’étudiant vietnamien de créer une entreprise à l’issue de ses études. Cette hypothèse signifie que chacune des trois variables a un effet significatif et positif sur l’intention. Nous nous intéressons plus particulièrement à la contribution relative de chaque variable à l’explication de l’intention et nous nous attendons à un rôle explicatif important de la norme sociale dans notre modèle. Certaines études se sont déjà intéressées au poids explicatif des variables additionnelles (Emin, 2003 ; Kennedy et al., 2003 ; Linan, 2004). L’ajout des variables complémentaires a même été suggéré par Ajzen (1991) afin d’améliorer le pouvoir explicatif de son modèle. En testant le modèle d’intention développé par Davidsson (1995), Autio et al. (1997) trouvent un effet significatif de « image/play-off » dans la formation de conviction de devenir entrepreneur chez les étudiants (n=1956). Begley et al. (1997) trouvent également un effet significatif du statut social de l’entrepreneur pour expliquer l’intention des étudiants de créer des entreprises. Ces études suggèrent de mobiliser la variable « image de l’entrepreneur perçue » qui résumerait par ailleurs des spécificités de notre contexte d’étude. En effet, les entrepreneurs vietnamiens ont connu un « destin » tourmenté et ce statut social a été placé à la dernière place dans le classement national des positions sociales. Après l’indépendance du pays, l’entrepreneur considéré comme étant capitaliste, a fait l’objet d’une discrimination politique à cause d’une domination de l’idéologie marxiste à l’époque. Depuis la rénovation économique en 1986, son statut social s’est peu à peu amélioré. Toutefois, jusqu’à la fin des années 1990, l’image des entrepreneurs vietnamiens n’a jamais été positive dans la perception du public vietnamien (MPDF, 1999). De plus, dans l’environnement universitaire, les cours de marxisme-léninismes continuent à être obligatoires pour tous les étudiants dans toutes les formations. Ces cours font même l’objet d’une épreuve de fin d’études. Dans ces conditions, les étudiants vietnamiens ne peuvent avoir une image positive des entrepreneurs, ce qui influence certainement négativement leur orientation professionnelle en tant que créateur d’entreprise. Nous postulons donc que : H2 : Plus l’image perçue par l’étudiant vietnamien des entrepreneurs est positive, plus forte sera l’intention de l’étudiant de créer une entreprise à l’issue de ses études. 1.3.2. Les croyances entrepreneuriales Dans les modèles d’intention, l’attitude et le contrôle perçu sont expliqués en termes de croyances. Notre volonté est de comprendre comment les perceptions entrepreneuriales des étudiants (attitude et contrôle perçu) se forment à travers les croyances. Les croyances sous-jacentes à l’attitude Selon Ajzen (1991), l’attitude de l’individu envers le comportement peut être déterminée par ses croyances sur les conséquences du comportement ciblé (behavioural outcomes) et son évaluation de ces effets. 582 TÀI LIỆU HỘI THẢO  
  8. HỘI THẢO QUỐC TẾ ĐÓNG GÓP CỦA KHOA HỌC XÃ HỘI – NHÂN VĂN TRONG PHÁT TRIỂN KINH TẾ - XÃ HỘI En adaptant les propos d’Ajzen à notre contexte de recherche et conformément aux propositions de Kolvereid (1996a), nous postulons que l’attitude (favorable ou défavorable) des étudiants vietnamiens vis-à-vis de la création d’une entreprise comme une perspective de carrière, peut se former en fonction de nombreuses croyances professionnelles. Plus précisément, elle est déterminée à travers : - des valeurs professionnelles que les étudiants valorisent et qu’ils croient rechercher dans leur vie professionnelle. A titre d’exemple, l’étudiant peut attacher de l’importance au fait que son activité professionnelle lui rapporte beaucoup d’argent ; - leurs visions entrepreneuriales, aussi, l’étudiant croit que la création d’entreprise va lui générer une bonne masse de fonds. Tâches critiques perçues  Contrôle perçu envers la création  d’entreprise  Capacité à réaliser des  tâches critiques  Croyances  Perception  Figure 3. Les déterminants du contrôle perçu par les étudiants envers la création d’entreprise Les croyances sous-jacentes au contrôle perçu Ajzen (2002) précise que le « contrôle comportemental perçu » comprend deux composantes : l’efficacité personnelle perçue (perceived self-efficacy) et la contrôlabilité perçue. La première composante désigne la facilité ou la difficulté perçue pour réaliser des tâches différentes liées à un comportement tandis que la deuxième désigne à quel point la réalisation de ces tâches est dans la capacité de l’acteur. Précisons cette variable dans la relation avec l’intention de créer une entreprise des étudiants. Un étudiant peut percevoir que, parmi différentes tâches du processus de création d’entreprise, « la construction du plan d’affaires » constitue une difficulté pour lui. Or, il croit également surmonter cette difficulté en ayant recours aux professeurs experts ou, éventuellement au guide d’affaires. La tâche est donc contrôlable et elle n’est plus une vraie difficulté dans sa perception envers la création d’entreprise. Nous postulons que le contrôle que les étudiants perçoivent vis-à-vis de la création d’entreprise se forme en fonction de leur capacité à réaliser différentes tâches critiques du processus de création d’entreprise. Plus précisément, le contrôle perçu est déterminé par des croyances relatives à : 583 TÀI LIỆU HỘI THẢO  
  9. HỘI THẢO QUỐC TẾ ĐÓNG GÓP CỦA KHOA HỌC XÃ HỘI – NHÂN VĂN TRONG PHÁT TRIỂN KINH TẾ - XÃ HỘI - différentes tâches délicates du processus de création d’entreprise qui constituent des points de repères dans la perception de la facilité ou de la difficulté de la création d’entreprise pour les étudiants ; - la capacité de réalisation de ces différentes tâches délicates durant le processus de création. Valeurs professionnelles Attitude envers la création  d’entreprise    Visions  entrepreneuriales  Croyances  Perception Figure 2. Les déterminants de l’attitude des étudiants envers la création d’entreprise  2. La méthodologie Nous décrirons d’abord notre collecte de données (2.1), puis des échelles de mesure des variables de notre modèle (2.2) 2.1. La collecte des données Note premier version du questionnaire a, tout d’abord, été testée auprès de 190 étudiants de l’Université du Commerce de Hanoi pour vérifier sa validité et apporter éventuellement des modifications. Le questionnaire final a été administré auprès de 610 étudiants de gestion de 4 universités d’Hanoi (26,7% à l’Université de Commerce, 20,5% à l’Université de Congdoan, 30,7% à l’Université des Affaires et de la Technologie, 22,1% à l’Université de l’Est). L’enquête a reposé principalement sur l’auto-administration assistée en classe, avec l’assistance des collègues enseignants ou la nôtre. Parmi les étudiants enquêtés, 30,8% sont des membres des clubs étudiants entrepreneurs (CEE). Parmi eux, 52,5% ont suivi le module de sensibilisation à la création d’entreprise (3 séminaires de 10h), organisé au sein des CEE. 2.2. La mesure des variables Nous avons opté pour la même procédure d’analyse et de validation pour chacune des échelles de mesure développées. Des items de mesure initiaux sont d’abord créés (soit par l’adaptation de ceux publiés dans la littérature, soit par notre construction personnelle), puis soumis au pré-test auprès d’un premier échantillon de 190 étudiants. Pour la procédure des analyses statistiques, nous faisons d’abord 584 TÀI LIỆU HỘI THẢO  
  10. HỘI THẢO QUỐC TẾ ĐÓNG GÓP CỦA KHOA HỌC XÃ HỘI – NHÂN VĂN TRONG PHÁT TRIỂN KINH TẾ - XÃ HỘI l’analyse factorielle pour vérifier le caractère unidimensionnel des items contenus dans l’échelle ainsi que le poids factoriel de chaque item restitué (la communauté > 0,5). Ensuite, l’analyse de fiabilité est réalisée sur les échelles de mesure (l’alpha de Cronbach > 0,6). Des échelles de Likert à 7 positions ont été communément utilisées pour toutes les variables. Nous présentons ci-dessous l’échelle employée et validée pour chaque variable. 2.2.1. L’intention de créer une entreprise Nous adaptons l’échelle de mesure développée par Kolvereid (1996b) selon laquelle la création d’entreprise est considérée comme une alternative professionnelle salariat/entrepreneuriat des étudiants à l’issue de leur formation. Kolvereid (1996b) a proposé trois items, nous en ajoutons deux. Après des analyses statistiques, il n’en reste que trois qui sont validés : (1) créer une entreprise fait partie de mon projet professionnel à l’issue de mes études ; (2) à la fin de ma formation, si je pouvais choisir entre créer une entreprise et être salarié, je préférerais créer mon entreprise ; (3) je vais très probablement créer mon entreprise à ma sortie de l’université. Un index a été élaboré en faisant la moyenne des scores obtenus par les trois items (α Cronbach = 0,746). 2.2.2. L’attitude et les croyances sous-jacentes Nous adaptons ici pour l’attitude l’échelle développée par Emin (2003), composée de cinq items. Après analyses, 4 items sont validés : (1) j’aimerais devenir créateur d’entreprise ; (2) je suis enthousiaste à l’idée de créer ma propre entreprise ; (3) pour moi, créer une entreprise est un choix intéressant après la sortie de l’université ; (4) pour moi, il y aura d’autres choix plus intéressants que la création d’entreprise à la fin de mes études. Un index a été formé en faisant la moyenne des scores obtenus par les quatre items (α Cronbach = 0,748). Pour la mesure des croyances sous-jacentes à l’attitude, 34 items décrivant des caractéristiques diverses de la vie professionnelle, adaptés de Kolvereid (1996b) ont été générés. Pour chaque type d’attente professionnelle, il a été demandé aux répondants : - d’une part, si elle leur paraissait être un élément important pour la qualité de leur vie professionnelle future ; - d’autre part, s’ils pensaient que cette attente pouvait être satisfaite par une carrière d’entrepreneur. 2.2.3. Le contrôle perçu et les croyances sous-jacentes Nous utilisons les six items développés par Kolvereid (1996b). L’intérêt de cette échelle repose sur le fait que chaque item génère l’autre en sens inverse pour vérifier l’opinion donnée par l’étudiant. Six items initiaux sont tous validés à la suite de nos analyses : (1) pour moi, la création d’entreprise est très difficile ; (2) si je le voulais, je serais tout à faire capable de poursuivre une carrière entrepreneuriale ; (3) je pense bien maîtriser le processus de création d’entreprise ; (4) le nombre des problèmes - hors de ma contrôlabilité et empêchant mon idée de créer une entreprise – est élevé ; (5) si je devenais créateur d’entreprise, ma chance de réussite serait élevée ; (6) si je poursuivais une carrière 585 TÀI LIỆU HỘI THẢO  
  11. HỘI THẢO QUỐC TẾ ĐÓNG GÓP CỦA KHOA HỌC XÃ HỘI – NHÂN VĂN TRONG PHÁT TRIỂN KINH TẾ - XÃ HỘI entrepreneuriale, le risque d’échec serait élevé. Un index a été obtenu en faisant la moyenne des scores des quatre items (α Cronbach = 0,605, ce qui est satisfait). Pour mesurer des croyances sous-jacentes au contrôle perçu, notre génération des items se base sur un processus de création d’entreprise composé de trois étapes : l’idée, le projet et la création. Les 25 items décrivant différentes tâches critiques du processus de création d’entreprise ont été proposés aux étudiants. Pour chaque tâche sélectionnée, le répondant devait se positionner sur une échelle de Likert à 7 positions, de « pas du tout capable » à « tout à fait capable ». 2.2.4. La norme sociale perçue Nous adaptons l’échelle de mesure proposée par Kolvereid (1996b). Pour chacune des quatre catégories de l’entourage (famille, amis proches, professeurs, les gens importants), il a été demandé aux étudiants : d’une part, quel est leur niveau d’approbation vis-à-vis de la création d’entreprise (codage bipolaire, de -3 à +3) et d’autre part, si cette approbation est fondamentale pour la propre décision professionnelle des étudiants (codage unipolaire, de 1 à 7). Les 4 nouveaux items ont été créés par la multiplication des scores obtenus de deux côtés, par paire. Après analyses, ces 4 items sont validés. Un index a été créé en faisant la moyenne des scores obtenus par les quatre items (α Cronbach = 0,705) 2.2.5. L’image de l’entrepreneur perçue Des items de mesure sont générés à partir du résultat de nos entretiens semi-directifs auprès de 15 étudiants de l’Université de Commerce de Hanoi. Nous avons demandé à chaque étudiant interrogé de mettre sur un papier 5 images négatives et 5 images positives des entrepreneurs vietnamiens, qui lui viennent instantanément dans sa tête au moment de l’entretien. Les images les plus citées par les étudiants sont sélectionnées. Initialement, douze items ont été créés pour chacun des deux côtés (positif et négatif). Les analyses factorielles ont relevé deux facteurs (représentation sociale et représentation personnelle) pour l’image positive et deux facteurs (mode de vie et mode d’action) pour l’image négative. Un index a été créé pour chacun des quatre facteurs retenus en faisant la moyenne des scores des items qui lui sont liés (α Cronbach de chaque facteur est aux alentours de 0,8). Au final, l’index pour « l’image de l’entrepreneur perçue » a été calculé en fonction de la différence mathématique entre les facteurs positifs (représentation sociale et personnelle) et les facteurs négatifs (mode de vie et mode d’action). 3. Les résultats Nos résultats mettent en lumière l’explication de l’intention de créer une entreprise des étudiants (3.1) et la formation de leurs perceptions entrepreneuriales (3.2). 3.1. Les déterminants de l’intention Pour la validation de H1, nos données sont soumises à des analyses de régression multiple dans lesquelles l’intention est la variable à expliquer et l’attitude, la norme sociale, contrôle perçu et 586 TÀI LIỆU HỘI THẢO  
  12. HỘI THẢO QUỐC TẾ ĐÓNG GÓP CỦA KHOA HỌC XÃ HỘI – NHÂN VĂN TRONG PHÁT TRIỂN KINH TẾ - XÃ HỘI l’image de l’entrepreneur perçue sont des variables explicatives. Le résultat des analyses est présenté dans les deux tableaux suivants. Contrôle Norme Image d’entre. Intention Attitude perçu sociale perçue Intention 1,000 Attitude ,688** 1,000 Contrôle perçu ,462** ,466** 1,000 Norme sociale ,218** ,198** ,210** 1,000 Image d’entre. ,245** ,291** ,219** ,059 1,000 perçue **. La corrélation est significative au niveau 0.01 (bilatéral). Tableau 2. Coefficients de corrélation de Pearson Bêta (t) R2 ajusté F Modèle Attitude 0,587 (17,55)*** Contrôle perçu 0,167 (5,09)*** 0,500 153,068*** Norme sociale 0,064 (2,17)* Image d’entrepreneur 0,035 (1,14) ns perçu Seuil de signification : *** (p
  13. HỘI THẢO QUỐC TẾ ĐÓNG GÓP CỦA KHOA HỌC XÃ HỘI – NHÂN VĂN TRONG PHÁT TRIỂN KINH TẾ - XÃ HỘI 512 étudiants russes. Dans l’étude de Kennedy et al. (2003 :9), les trois variables du modèle (attitude, norme sociale et contrôle perçu) expliquent 52,8% de la variance de l’intention (n=1034 étudiants australiens). Auprès d’un échantillon de 809 étudiants grenoblois, Emin et al. (2005 :17) ont trouvé un R2 ajusté égal à 0,433. 3.1.2. La contribution marginale de la « norme sociale » La « norme sociale » contribue faiblement à expliquer l’intention (Bêta standardisé = 0,064). Cette contribution est pourtant significative (p
  14. HỘI THẢO QUỐC TẾ ĐÓNG GÓP CỦA KHOA HỌC XÃ HỘI – NHÂN VĂN TRONG PHÁT TRIỂN KINH TẾ - XÃ HỘI et b) et leur résultat montre une réalité autre par rapport à celle obtenue par Kolvereid : le poids explicatif de « l’attitude » est légèrement supérieur à celui du « contrôle perçu ». Suite à ces interrogations, nous pensons que c’est peut-être l’effet de la culture et du contexte national qui constituent la seule différence nette parmi des études empiriques mentionnées. Ce point méritait sans doute un approfondissement lors de travaux complémentaires. Nous pouvons à présent valider notre hypothèse H1 selon laquelle plus l’attitude et la norme sociale perçue sont favorables à la création d’entreprise et plus le contrôle perçu est élevé, plus forte est l’intention de l’étudiant vietnamien de créer sa propre entreprise à l’issue de ses études. 3.1.4. La place de la variable « l’image de l’entrepreneur perçue » L’ajout de cette variable dans notre analyse n’améliore pas l’explication de l’intention (R2 ajusté reste inchangeable à 0,50). En d’autres termes, elle ne contribue pas de façon significative à l’explication de l’intention entrepreneuriale des étudiants vietnamiens. Notre hypothèse H2 n’est donc pas validée. Lors de notre construction du modèle théorique, nous supposions que cette variable résultait des particularités du contexte vietnamien : une image négative des entrepreneurs circule dans la société depuis des années, l’idéologie marxiste étant encore enseignée à l’université. A l’examen du tableau des corrélations (tableau 2), nous constatons que cette variable est plus corrélée avec l’attitude qu’avec l’intention (coefficient de Pearson = 0,291> 0,245). Cela suggère que cette variable pourrait avoir un effet direct sur « l’attitude ». Nous vérifions cet effet dans la partie suivante (3.2) 3.2. L’explication des perceptions entrepreneuriales Nous analysons successivement la formation d’une attitude favorable ou défavorable (3.2.1) et du contrôle perçu vis-à-vis d’une carrière entrepreneuriale (3.2.2). Enfin, la perception de l’image des entrepreneurs vietnamiens par les étudiants sera présentée (3.2.3). 3.2.1. La formation de l’attitude L’attitude (ou la désirabilité) joue un rôle très puissant dans notre modèle. Quels éléments participent à expliquer une attitude favorable ou défavorable envers la création d’entreprise ? La réponse à cette question va fournir des éléments notables pour l’enseignement de l’entrepreneuriat au Vietnam. De plus, nous avons besoin, suite à des analyses des déterminants de l’intention, d’éclairer l’effet possible des deux variables (norme sociale et image de l’entrepreneur perçue) sur l’attitude. Des analyses en composantes principales (ACP) ont été réalisées sur des croyances sous- jacentes à l’attitude. Il convient tout d’abord de préciser notre méthode de calcul. Conformément aux préconisations d’Ajzen (1991) concernant le codage des variables, les « valeurs professionnelles » sont codées de façon unipolaire (de +1 à +7) et les « visions entrepreneuriales » sont codées de manière bipolaire (de -3 à +3). Les 34 variables des croyances ont été créées en multipliant les scores obtenus des valeurs professionnelles par ceux des visions entrepreneuriales. L’ACP a relevé une solution de cinq facteurs expliquant 56,95% de la variance totale (annexe A). En fonction des items, nous les nommons successivement « la réalisation de soi », « la facilité du travail », « la quête de pouvoir et 589 TÀI LIỆU HỘI THẢO  
  15. HỘI THẢO QUỐC TẾ ĐÓNG GÓP CỦA KHOA HỌC XÃ HỘI – NHÂN VĂN TRONG PHÁT TRIỂN KINH TẾ - XÃ HỘI l’image sociale », « l’appartenance sociale » et « la rémunération fixe ». Parmi eux, le premier facteur est à l’origine de 31,47% de la variance totale, soit le poids explicatif le plus grand (55,26%). Pour étudier la formation de l’attitude, l’analyse de régression de cette dernière (variable à expliquer) a été réalisée sur les 7 variables explicatives comprenant les 5 facteurs des croyances récemment obtenus, plus « la norme sociale » et « l’image de l’entrepreneur perçue ». Le résultat est présenté dans le tableau 4. Le modèle à 7 variables explique au total 18,6% de la variance de l’attitude envers la création d’entreprise des étudiants et, parmi elles, il n’y en a que cinq qui exercent un effet significatif sur l’attitude. A l’examen des coefficients de Bêta, nous trouvons des résultats très intéressants. Si « l’image de l’entrepreneur perçue » n’a pas d’effet direct sur l’intention, son influence sur « l’attitude » est significative, positive et prépondérante (Bêta = 0,266, p
  16. HỘI THẢO QUỐC TẾ ĐÓNG GÓP CỦA KHOA HỌC XÃ HỘI – NHÂN VĂN TRONG PHÁT TRIỂN KINH TẾ - XÃ HỘI La norme sociale contribue également de façon significative à l’explication de l’attitude et cet impact est beaucoup plus grand que celui sur l’intention (β= 0,158 >> 0,064). Ce résultat a tendance à confirmer les conclusions d’Emin (2003). La norme sociale - la variable représentant aussi la particularité de notre contexte d’étude (culture collectiviste, l’intervention importante de la famille dans la décision professionnelle de l’étudiant) - est plus attachée à expliquer l’attitude que l’intention. Conformément au travail de Kolvereid (1996b), la « réalisation de soi » et la « quête du pouvoir et l’image sociale » expliquent de façon positive et significative l’attitude envers la création d’entreprise (Bêta = 0,203 ; 0,121). Ces deux facteurs font référence à la réalisation personnelle, la reconnaissance des autres, la mise en œuvre de la créativité, le relèvement des défis, la prise de responsabilité, la dynamique au travail, le besoin d’autonomie, l’utilité pour la collectivité, le pouvoir, le statut social (annexe A). Plus l’étudiant valorise ces valeurs, plus favorable sera son attitude envers la création d’entreprise comme une perspective de carrière. Au contraire, le besoin de « facilité du travail » a une incidence négative et significative sur l’attitude (Bêta = -0,103 ; p
  17. HỘI THẢO QUỐC TẾ ĐÓNG GÓP CỦA KHOA HỌC XÃ HỘI – NHÂN VĂN TRONG PHÁT TRIỂN KINH TẾ - XÃ HỘI un résultat intéressant (tableau 5). Il n’y a que le deuxième facteur (prospection et recherche d’informations) qui contribue significativement à expliquer « le contrôle perçu » (14,9% de la variance du contrôle sont restitués). Modèle Bêta (t) R2 ajusté F (constante) Elaboration du plan financier 0,079 ns Prospection et recherche 0,305*** d’infos 0,149 27,587*** Mise en œuvre 0,050 ns Création effective -0,007 ns Seuil de signification : *** (p
  18. HỘI THẢO QUỐC TẾ ĐÓNG GÓP CỦA KHOA HỌC XÃ HỘI – NHÂN VĂN TRONG PHÁT TRIỂN KINH TẾ - XÃ HỘI Cette variable a été mesurée initialement par 24 items dont 12 relevant des images positives et 12 se référant aux images négatives. Après des analyses factorielles, 8 items positifs et 10 items négatifs ont été validés et retenus. A l’examen des statistiques descriptives (annexe C), les observations suivantes peuvent être avancées : - les étudiants sont d’accord sur toutes les images positives proposées. Les notes moyennes de ces items sont toutes supérieures à 4 (sur l’échelle à 7 points), et quelques items ont obtenu une note très élevée (p5, p7, p8, p9, p11) ; - parmi les 10 items relatifs aux images négatives, les étudiants sont légèrement d’accord sur un seul: « les entrepreneurs vietnamiens sont opportunistes » (note moyenne = 4,44) et plutôt pas d’accord pour tous les autres (les notes moyennes se situent aux alentours de 3,0
  19. HỘI THẢO QUỐC TẾ ĐÓNG GÓP CỦA KHOA HỌC XÃ HỘI – NHÂN VĂN TRONG PHÁT TRIỂN KINH TẾ - XÃ HỘI capacité liée à la prospection et à la recherche d’informations pertinentes. De toute façon, l’impact très important de l’attitude sur l’intention de créer une entreprise des étudiants invite les enseignants à s’interroger sur le contenu des formations. Si l’on conçoit l’émergence d’une intention entrepreneuriale comme l’un des premiers objectifs de la formation en entrepreneuriat, il paraît nécessaire de ne pas se limiter à une démarche visant simplement à délivrer des compétences et des boîtes à outils. La formation à l’entrepreneuriat doit porter d’abord sur des éléments qui font de la création d’entreprise un choix professionnel attractif. Ensuite, la place très importante de la variable « image de l’entrepreneur perçue » dans le modèle, représente une particularité de notre contexte d’étude. Elle contribue à expliquer indirectement l’intention via l’attitude. Elle constitue par ailleurs la variable la plus puissante à expliquer l’attitude. Il est donc aisé d’avancer que pour faire de la création d’entreprise un choix professionnel attractif et désirable, les enseignants vietnamiens devraient travailler, avant tout, sur des images d’entrepreneur et les rendre plus positives pour les étudiants. Si l’enseignement de l’idéologie marxiste est encore pratiqué au sein des universités, cette formation n’a pas vraiment d’incidence négative sur la perception des étudiants pour une perspective de carrière entrepreneuriale. A part « l’image de l’entrepreneur perçue », cette recherche a mentionné d’autres éléments importants qui participent à expliquer l’attitude (favorable ou défavorable) des étudiants vis-à-vis d’une carrière entrepreneuriale. Plus l’étudiant valorise des valeurs comme la réalisation personnelle, la reconnaissance des autres, la créativité, le relèvement des défis, la responsabilité, l’autonomie, le pouvoir, le statut social, l’utilité pour la collectivité, la dynamique dans sa vie professionnelle, plus favorable sera son attitude envers la création d’entreprise. Par contre, celui qui attend la simplicité, la légèreté au travail a tendance à être défavorable à une carrière entrepreneuriale. Ces résultats fournissent donc des pistes et des précisions intéressantes pour guider la conception d’un enseignement de l’entrepreneuriat au Vietnam. Indéniablement, un des objectifs de ces cours serait de rendre l’attitude des étudiants plus favorable vis-à-vis de l’entrepreneuriat. D’autre part, il ne faut pas négliger le rôle de la norme sociale dans l’explication de l’intention ainsi que de l’attitude des étudiants. La norme sociale est plus attachée à l’attitude qu’à l’intention. La place notable de cette variable dans notre modèle confirme l’influence importante de la famille et de l’entourage dans la décision professionnelle des étudiants vietnamiens. Par conséquent, si l’environnement universitaire vietnamien devient plus entrepreneurial, il portera des effets plus positifs sur l’orientation entrepreneuriale des étudiants. Dans ce sens, le développement des Clubs d’étudiants entrepreneurs futurs, des Centres de l’Entrepreneuriat, au sein des universités, constituerait une pratique pertinente et profitable à la sensibilisation et à l’orientation des étudiants vers un choix de carrière entrepreneuriale. Enfin, cette étude met en relief le jugement irréaliste des étudiants vis-à-vis de leur capacité entrepreneuriale. Les étudiants ne se basent que sur leur capacité de prospection et de recherche d’informations pour évaluer leur contrôle sur la création d’entreprise. Lorsque plusieurs tâches 594 TÀI LIỆU HỘI THẢO  
  20. HỘI THẢO QUỐC TẾ ĐÓNG GÓP CỦA KHOA HỌC XÃ HỘI – NHÂN VĂN TRONG PHÁT TRIỂN KINH TẾ - XÃ HỘI critiques du processus de création leur sont proposées, pour un jugement plus précis de leur contrôle, 70,6% de leurs difficultés perçues sont relatives à « l’élaboration du plan financier du projet ». Ce résultat est lié à une réalité concernant la formation à l’entrepreneuriat. Plus les étudiants apprennent et connaissent mieux le processus de création, plus ils comprennent les difficultés de la création, moins ils auront l’intention d’entreprendre. En effet, Cox, Mueller et Moss (2002) ont constaté chez les étudiants une diminution significative de la perception de l’efficacité personnelle (self-efficacy) à la fin des cours en entrepreneuriat. Audet (2004) a eu le même résultat. Une formation en entrepreneuriat est généralement orientée vers la maîtrise des principales compétences entrepreneuriales. Il paraît indispensable de trouver des méthodes innovatrices pour agir concrètement sur la désirabilité de la création. Il s’agit alors de deux objectifs cruciaux pour les formateurs en entrepreneuriat. 5. Conclusion Cette étude justifie une nouvelle fois la robustesse du modèle d’intention d’Ajzen et son utilité pour expliquer l’intention de créer une entreprise. Elle donne de nombreuses pistes et des éléments intéressants pour guider la conception d’un enseignement de l’entrepreneuriat, adapté au contexte vietnamien. Nous sommes cependant conscients de certaines limites de cette étude. Sur le plan théorique, notre travail repose sur les modèles d’intention qui ne prennent pas en compte la notion de l’opportunité d’affaires. En effet, il n’est pas facile de positionner l’opportunité dans les modèles d’intention. Est-ce que la découverte d’une opportunité est préalable à l’intention, ou l’intérêt prononcé pour la création incite-t-il les individus à rechercher une opportunité ? Des recherches basées sur les modèles d’intention ne permettent pas de répondre à ces questions. Sur le plan méthodologique, notre collecte de données, menée auprès des clubs d’étudiants entrepreneurs futurs à Hanoi et de nos contacts personnels, ne nous a pas permis de constituer un échantillon représentatif de l’ensemble des étudiants de gestion à Hanoi. La généralisation de nos résultats est donc délicate. Notre étude donne des informations intéressantes pour la conception de la formation à l’entrepreneuriat au Vietnam, mais ne permet pas pour autant de dire quels pourraient précisément être les contenus et les formes qu’un cours portant sur l’entrepreneuriat devrait prendre. Il y a donc des prolongements possibles à cette recherche. Est-ce que l’intention, les perceptions et les croyances entrepreneuriales des étudiants évoluent suite à une sensibilisation ou à une formation à l’entrepreneuriat ? Quels types de sensibilisations ou de formations sont plus performants que d’autres dans la génération d’une orientation entrepreneuriale ? _____________________________________________________________________ Bibliographie Ajzen, I. (1991). The theory of planned behaviour. Organizational Behavior and Human Decision Processes, vol. 50, 179-211. 595 TÀI LIỆU HỘI THẢO  
nguon tai.lieu . vn